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30 Nov

Antartica, le grand froid

Publié par laurentgantner http://www.youscribe.com/cavailles3  - Catégories :  #Films

2005, 2h.

Inspiré du film « Nankyoku Monogatari »

Sc. : David Digilio, Mike Rich. Prod. : David Hoberman, Patrick Crowley. Producteurs exécutifs : Todd Lieberman, Masaru Kakutani, Frank Marshall, Christine Iso, Roy Lee, Gary Barber, Roger Birnbaum. Édité par Christopher Rouse.

Avec Paul Walker (Jerry Smith), Jason Biggs (Charlie Cooper), Bruce Greenwood (Davis McClaren), Moon Bloodgood (Katie)…

 

Ce qu’une caméra n’était jamais parvenue jusqu’ici quelque soient les quatre coins de la planète a toujours été un terrain d’investigation de prédilection pour les studios Disney et à part promener la troupe d’Huskies dans un cirque blanc, ne reste que la splendeur naturelle toute donnée ainsi qu’une prouesse d’éleveurs hors limite atteignant sans doute ce qu’on avait fait de mieux jusque là en matière de dressage d’animaux ce qui se traduit à l’écran par de rares instants d’une pure magie. Loin d’être une carte postale boréale animée de louanges pour ces chiens de traîneaux à l’origine de bien des rêveries courants le grands espaces, pris entre la vie et la mort, protégés envers et contre tous par on ne sait trop quel esprit, devenus seuls héros d’une aventure dramatique qui tire la vedette à des acteurs trop conventionnels qui paraissent même pas acteurs ou se montrent trop « acteurisés » au point qu’ils (elles) synthétisent presque la figure symbolique d’une expérience publicitaire quelconque. Il n’y a guère que l’intelligence canine ainsi que leur débrouillardise à passer l’hiver sans leurs maîtres sur la banquise qui mettent hors-gel mais qu’on ne s’y trompe pas, le sujet traité d’une habile manière supplante huit fois un orque, sept fois une dent de la mer, six fois des loups dansants et quant aux Ours, cet Antarctica les laisse à déglutir leur lait initial.

 

Sujet d’expédition tourné en fiction d’une certaine réalité qui aura donc intéressé plus d’un cinéaste… Le Japonais Koreyoshi Kurahara s’y attaquait en 1984 sur une musique de Vangelis Papathanassiou et partant d’un fait réel situé en 1958 où deux chiens de traîneaux seulement cherchaient à survivre… Un plus lointain mais non moins romancé Appel de la forêt de William Wellman (1935) d’après l’écrivain non moins célèbre Jack London parvenait lui aussi à émouvoir aux larmes. Antartica qui n’est pas Antarctica mais Frank Marshall peut se le permettre puisqu’il remplace sur l’affiche des Survivants (Alive) de 1993 les hommes par un groupe de chiens polaires et on aura compris que cette fois ce ne seront pas des humains qui lutteront contre le froid quêtant l’hypothétique survie mais les valeureux chiens de traîneaux ! Tout en s’approchant du documentaire Antarctica de John Welley et David Flatman (40 mn, 1991) Frank Marshall dans son Antartica y rajoute une patte de romance poussée à bout grâce à une technique cinématographique sophistiquée qui doit tout à la docilité dressée des quadrupèdes. Les continents ne seraient-ils plus fixes ou Marshall découvre-t-il que la terre tourne sur elle-même car dans l’ambivalence du titre on s’attend à de mièvres dérives. Renversement du magnétisme terrestre et il ne les joue pas au black-jack ses toutous du pôle Sud Frank Marshall quoi que le noms des cabots s’y prêteraient assez bien. Non, il parvient à donner à travers eux le prix de la survie que croise parfois la mort et à ceux qui s’attendraient à faire un voyage tranquille sur la banquise là où au moins il ne devrait pas y avoir de curés, qu’ils se trompent car l’arrière fond biblique que récupère l’animal est sous-jacent à la trame aventureuse d’une parabole cinéphile lapée de vastes et blanches étendues comportementales à travers laquelle on saisit qu’un animal « professionnalisé » par quelques esthètes du tournage a toutes les faveurs des bons traitements que n’accorderaient même pas des humains envers d’autres humains. Quand la planète ne tourne plus rond, on se réfugie sur l’animal… Le vaste désert blanc invite au recueillement qu’un film servi comme une hostie empêcherait de critiquer à la juste valeur de la banale utilisation d’un ressort scénaristique fait pour faire frémir petits et grands qui finalement parvient à susciter la découverte documentaire des limites de la vie. Limité aussi à un produit frais livré par un spécialiste de la haute production américaineAntartica se rempli d’une désinvolture infinie absolument pas complexée d’en remettre une couche comme une neige tombante en blizzard pour unique épaisseur au décors. Filmé alors derrière l’oreille ou aux coussinets, côte à côte ou en plongée, l’Husky (-ies) est tenu de près au cours de ses pérégrinations que pas même l’œil humain devenu invisible ne devrait pouvoir saisir si ce n’était compter sur l’ingéniosité du septième Art parvenant ici à faire vivre au spectateur pris à l’état de l’animal leurs aventures glacières en face des yeux loin du traîneaux qu’ils avaient pour habitude de tirer jusqu’à l’épuisement sans agacer.

 

Pour l’aventure, la base du camp d’observation de départ est vite délaissée lorsqu’un scientifique universitaire atterrit pour partir à la recherche d’une météorite noire qui proviendrait de Mercure et l’atmosphère paisible des chiens reposant sur le canapé cuir ou jouant à la table des cartes sera de courte durée… Une étoile filante dans la nuit finissante, au réveil, ça veut certainement dire bonne chance du ciel… Face à face en réduit de couchettes car le scientifique débarqué là par taxi de bimoteur ramène en pilote une amie du guide de la base qui vit son désert blanc en toute quiétude. Son effet de surprise stéréotypé par un « je ne pensais jamais te voir cette année » n’est voué qu’à une courte embrassade de retrouvailles ; c’est du sérieux la chasse à la météorite noire… Photos de famille des « intrépides explorateurs » au départ. Évidemment les sourires dentifrice sur l’immaculée étendue blanche, ça se voit moins… Bave du chien Bok sur le nez d’un des membre du site scientifique et voilà le duo guide / chercheur es science parti loin de la civilisation… Promenade sur les glaciers, franchissement d’un lac surgelé, passe d’une crevasse à la profondeur inconnue, la glace n’est pas très solide hors saison, brisure d’un puits à gouffre et à l’explorateur scientiste d’avoir failli finir au fond de la terre ; une carte postale ciel et blanc animée à se gaver de bonbons au poivre quoi… Nécessité oblige de se demander si l’un a une femme alors qu’on est censé avoir affaire à des scientifiques en voyage d’étude pendant que la demoiselle-pilote égraine le temps en faisant de solitaires réussites avec un jeu de cartes ; ne manquait plus qu’un sérieux problème météo s’en mêle pour que son client soit retardé… Départ pour la tempête de « c’est bien l’endroit où on est » (? !) - là où est tombée la météorite de Mercure - puis évacuation du camp de base mais pas question d’abandonner les chiens candidats volontaires à un hypothétique second voyage stoppé par la plus grande tempête que l’antarctique ait connu en 25 ans ! Et nous ne sommes qu’à mi-parcours… 200 jours de détention sur la banquise pour une meute de chiens où seuls quelques steaks de mouettes serviront de repas… Et pas une pastille Valda pour enrayer tout cela sauf le fond d’une corniche pour mettre fin à la vie de l’un d’entre eux et la menace toujours présente d’un monstre marin pour les effrayer d’une possible nourriture…

 

Les chiens nordiques sont admirables, éveillés et espiègles au caractère typé de chacun. Les filmer en pleine tempête où on ne voit pas à deux pas est déjà un exploit en soi et une mise en scène poussive marquée de certaines lourdeurs invite presque au soulagement lorsqu’au moindre bruit d’un grincement de porte qui s’ouvre on croit entendre le gémissement plaintif des meilleurs amis de l’homme abandonnés au sort d’une passionnante survie.

 

10 / 10  !

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